Il y a dix jours, je suis allée au concert de Clara Ysé, j’aime la force de sa voix et de ses textes. Elle a ouvert sa soirée avec Douce, chanson que j’ai
découverte l’été dernier, c’était délicieux de l’entendre en live (aussi de la chanter au milieu de la foule). Quelques heures plus tard, Douce faisant son chemin en moi... je me laisse
inspirer pour partager sur la douceur !
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La douceur, c’est l’une des qualités qu’on me reconnaît depuis de longues années et aussi celle que j’ai détestée pendant quelques années !
La douceur de mon regard, de mon sourire, de mon toucher, de mon accueil...
C’est une qualité que j’aime. Elle parle de mon aspiration à un monde où l’on s’accueille tel.le que l’on est, où l’on prend soin les uns des autres ; elle est aussi ma réparation, le soin que j’apporte à mon cœur sensible ; et une force qui me bouleverse et contribue à garder mon cœur ouvert et sensible.
Pourtant, pendant quelques années, je n’ai plus supporté qu’on me parle de ma douceur. Je me sentais enfermée, prise au piège de cette image de moi-même, et j’aspirais à plus de liberté d’être. Pouvais-je aussi être dure, sévère, impatiente ?
Bien sûr, une partie de cela m’appartient. La douceur m’a apporté une certaine sécurité et permis d’être aimée. Elle m’a protégé de ma colère et a préservé mes espoirs et projections sur le Monde. Elle a aussi été, est encore parfois, un masque. Celui derrière lequel je me cache pour ne pas dire mon bouillonnement, mon étonnement, ce qui se fige ou brise en moi... parce que parfois, ce n’est pas le moment, je n’ai pas les mots et la clarté de ce qui se passe en moi ou parce que j’ai peur... de moi ! Tout en étant sincère, ma douceur me protégeait de ma dureté et de celle du Monde, aussi de ma peur du rejet et de la colère des autres.
Une autre partie, je crois, vient des années, même de siècles, de construction sociale. Une petite fille, surtout, femme douce, est-ce ce qu’attend ma famille ? La société ? Les autres humain.es ? Peut-on imaginer une femme dure, ferme, en colère ET douce, aimante, ouverte ? N’attend-on de moi que mon sourire, mon écoute et ma patience... est cela que j’attends de moi ? J’ai été domestiquée, est-on prêt à me voir plus vraie !
Et la Vie a ses secrets. Elle a glissé sur mon chemin des évènements qui ont bousculé ma manière d’être au Monde et m’a permis de regarder, apprivoiser et faire tomber le masque de la douceur. Cette assignation à être douce, je la porte encore et je continue à la « soigner » pour contribuer à un autre monde dans lequel ma voix, ma fermeté et ma colère ont toute leur place.
La douceur est là, je me la souhaite sincère pour moi et le Monde.
Et toi, quel est ton lien avec la douceur ? Existe-t-elle dans ta vie ? Est-elle sincère ? Masque ? Apprise ? Libre ?
Je me rappelle des femmes qui lors des pratiques en cercle de femmes redécouvrent leur/la douceur. Je vois leur visage s’illuminer, leur corps respirer et se détendre, parfois leurs larmes coulent de se laisser toucher par cette force. Aussi, cette enfant de 5 ans, bouleversée par un regard et un geste tendres, comme si elle n’avait encore jamais connu cela !
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